Samia est designer de formation. Elle crée La Ruée en 2022 après avoir étudié l’entrepreneuriat et le digital.
Sa mission : aider les marques de créateur à se développer, en s’appuyant sur la responsabilité écologique et sociale. Rencontre avec une jeune femme passionnée, actrice d’une grande révolution à venir dans le monde de la bijouterie.
Samia, peux-tu nous raconter l’origine de La Ruée ?
La Ruée est une place de marché en ligne, la seule plateforme 100% éthique. Cela me tient à coeur et c’est pourquoi on sélectionne des marques de créateurs, artisanales et durables. La Ruée présente des marques qui ont des valeurs et qui dépassent le côté artisanal pour correspondre à l’image de qualité des hautes maisons, avec un peu plus d’authenticité. On est très attentifs à l’éco- responsabilité : certifications, label Fairmined, or recyclé, etc… Nous travaillons avec des artisans qui ont bien travaillé leur branding et leurs valeurs.
Quel type de marque se vend le mieux sur La Ruée ?
Les marques qui se vendent le mieux sur La Ruée sont principalement des bijoux classiques, au style français chic et épuré, ainsi que des pièces de joaillerie plus colorées. Ces produits attirent une clientèle CSP+ et/ou sensible à l’artisanat, qui a le budget pour se faire plaisir ou offrir des cadeaux pour marquer des événements importants de la vie. Au lancement en 2022, nous avons tenté d’introduire des créations très originales, mais elles n’ont pas rencontré le succès escompté. Notre clientèle n’est pas celle des galeries de bijoux d’artistes contemporains.
En plus de La Ruée, tu travailles sur un projet révolutionnaire pour le monde de la bijouterie-joaillerie ! Peux-tu nous le présenter ?
Avec La Ruée, je me suis demandé comment aider davantage les créateurs dans leur développement. J’ai d’abord créé La Ruée Studio, pour accompagner tous ces artisans incroyables en rassemblant autour d’eux des professionnels de la communication.
Et depuis plusieurs mois, on travaille avec beaucoup de passion à un projet qui fait intervenir l’intelligence artificielle (l’IA), et qui va permettre :
- la détection de taille à distance
- l’essayage virtuel des bijoux
- la génération d’images pour le secteur de la bijouterie.
Le lancement est prévu début 2024.
C’est une révolution ! Peux-tu nous en dire plus sur ce que va permettre de faire l’intelligence artificielle ?
Oui, par exemple, à partir de la photo d’une main, l’IA va être capable de déterminer la taille du doigt. Donc la taille de la bague à acheter. Lorsqu’on vend ses bijoux en ligne, le fait de ne pas pouvoir les essayer peut être un frein pour la clientèle. Chez La Ruée, pour lever ce frein, on prend en charge tous les frais de retour. L’intelligence artificielle va non seulement aider à mieux définir la taille des bagues, mais va également proposer d’essayer virtuellement les bijoux. Cela va permettre aux bijoutiers qui utiliseront l’outil de diminuer drastiquement le taux de retours sur leur boutique en ligne.
L’IA va donc aider les créateurs à mieux vendre leurs collections, mais aussi à mieux communiquer ?
Oui, j’ai souvent remarqué que la qualité des photos ne reflétait pas toujours le positionnement des créateurs. Avec le Studio, on y a apporté une réponse mais je souhaitais aller plus loin. Grâce à l’intelligence artificielle, on va pouvoir proposer à moindre coût la génération d’images : à partir de la photo d’une création, l’IA va être capable de générer des images de ce bijou, porté par des modèles numériques. Un créateur qui se lance et qui n’a pas les moyens d’investir dans un shooting avec des modèles pourra quand même avoir accès à des photos de qualité professionnelle pour sa marque.
Comment vois-tu l’avenir du marché de la bijouterie-joaillerie ?
C’est un secteur en pleine transformation. Un monde qui va allier technologie et artisanat. Tech et savoir-faire. Cette course à la technologie va d’ailleurs profiter à l’artisanat. Sa rareté va faire toute sa valeur. Ce sera le moment de mettre en valeur son savoir-faire. Mais attention, je ne crois pas à un monde dans lequel la technologie irait contre l’artisanat. Pour moi, les premières marques qui vont se démarquer seront des marques profondément artisanales qui vont s’allier au digital.
Pour finir, quels conseils donnerais-tu à une jeune marque de bijoux de créateur ?
J’ai deux conseils :
- être imprévisible : c’est un marché de plus en plus concurrentiel. Lancer une marque de bijoux, c’est le rêve de beaucoup d’entre-nous. Il est difficile de se faire une place. Il faut se distinguer. Pas par l’originalité du produit, mais par la manière dont on va raconter son histoire, planter le décor, susciter l’émotion… le storytelling de la marque.
- ne pas avoir peur du changement : le monde se transforme très vite. Il n’est pas binaire “artisanat” contre “digital”. Il faut donc être soi-même en mutation, rester agile, pour s’adapter à la technologie tout en gardant ses valeurs artisanale.